Le jugement est souvent la première réaction naturelle, voire instinctive, face à une situation qui nous crée un malaise ou nous fait vivre des émotions douloureuses.

Dans tout l’arsenal des défensives que l’on utilise pour se protéger d’émotions douloureuses, le jugement arrive en tête de liste! Personne n’y échappe. Et même avec la meilleure volonté et les meilleures intentions, il est un compagnon de voyage qui nous colle à la peau et qui s’immisce dans nos pensées et nos réactions sans même que nous nous en rendions compte.

C’est aussi la raison pour laquelle le jugement est un incroyable allié dans la connaissance de soi. Car si vous vous surprenez en train de juger, et que vous prenez le temps de vous y arrêter, vous pourrez recueillir beaucoup d’informations sur des aspects de vous que peut-être, vous avez du mal à reconnaître ou à accepter, ou sur des besoins non comblés qui pourraient vous apporter beaucoup de paix intérieure si vous preniez le temps de vous en occuper.

Besoin d’une feuille de route? Voici un petit guide pour utiliser vos jugements comme des alliés de connaissance de soi :

1. Qu’est-ce que je juge?

C’est la première question toute simple à vous poser. En gros : qu’est-ce qui vous dérange?

Ne vous censurez pas. C’est un exercice de vous à vous. Alors, plus vous serez honnête avec vous-même (même si ce n’est pas « politiquement correct »), plus vous en tirerez de profit.

Observez ou mettez par écrit tout ce qui vous fait réagir. À cette étape-là, même si vos émotions peuvent être intenses et enflammées, le jugement contre une personne ou une situation donnée indique que c’est votre mental qui est aux commandes.

Par le jugement, on rationalise, on intellectualise et on justifie. Notre regard et toute notre attention sont tournés vers l’extérieur de soi et ce qui nous semble « pas correct » ou inacceptable.

2. Qu’est-ce que je ressens?

Il est maintenant temps d’entrer un peu plus profondément à l’intérieur de vous et de contacter votre ressenti.

Au-delà des jugements de valeur et des critiques, qu’est-ce que vous ressentez vraiment?

Car en bon gardien de ce qui est plus vulnérable en vous, le mental peut vous garder loooongtemps prisonnier de « l’autre » – de ce que « l’autre » dit, pense ou fait. Ici, le but n’est pas d’exonérer l’autre de ses responsabilités. Les raisons d’être choqué, blessé ou offensé peuvent être clairement légitimes.

Le problème est qu’en restant à cette étape, en restant tourné sur l’autre, on a peu de chance d’arriver à s’apaiser ou de trouver l’issue d’un éventuel conflit. Alors ce que je vous propose, c’est de commence à entrer à l’intérieur de vous et de tourner le regard vers vous.

Qu’est-ce que cette situation vous fait vivre?

En cas de gros déclencheur, je vous recommande vivement de vivre cette étape avec une personne de confiance qui vous aidera à accueillir vos émotions sans parti pris et qui vous apportera tout le soutien et l’empathie nécessaire.

Car c’est à ce stade qu’il vous est demandé, dans la prise en charge de votre vécu, d’accueillir votre vulnérabilité profonde et les émotions douloureuses qui peuvent être plus difficiles à accueillir seul.e (voir l’article « Accueillir sa vulnérabilité : un pilier de l’estime de soi »).

Car bien que la « faute » ou la situation servant de déclencheur puissent très légitimement être attribuées à l’extérieur, il est essentiel de garder à l’esprit que si vous jugez et vous sentez blessé et dans un vécu douloureux, en ce moment, ce n’est pas l’autre qui a un problème et qui souffre, c’est vous.

En acceptant de ressentir l’émotion qui se cache derrière la pensée jugeante, vous vous occupez réellement de vous et vous engagez sur la voie de l’apaisement.

3. Est-ce que ce que je juge chez l’autre, est quelque chose que je ne me permets pas ou que je n’accepte pas de moi?

Par effet miroir, il n’est pas rare que ce que l’on juge ou critique chez l’autre reflète une partie de soi que l’on n’accepte pas, que l’on ne reconnaît pas ou qu’on ne se permet pas de vivre soi-même.

Telle personne prend « toujours » toute la place et ne laisse pas les autres parler? Demandez-vous dans quelle mesure vous vous permettez de prendre votre place et d’exprimer librement ce que vous pensez ou ce que vous ressentez.

Telle autre ne fait « jamais » les choses de façon satisfaisante et le travail est toujours à refaire? Questionnez-vous sur vos propres exigences sur vous-même : sont-elles réalistes et vous donnez-vous le droit à l’erreur, ou êtes-vous intraitable envers vous-même et souffrez-vous en secret des exigences drastiques que vous vous imposez?

4. Quel est mon besoin?

Comme on l’a vu, le jugement est l’indicateur d’un mal-être que l’on vit en lien avec un besoin non satisfait.

Dans mon dernier article (« Bien connaître ses besoins pour augmenter sa vitalité »), vous avez eu un aperçu des besoins que l’on peut avoir dans différentes sphères de sa vie. Maintenant, de quel besoin inassouvi votre jugement vous parle-t-il par rapport à une personne, ou dans votre relation à vous-même?

Sachez que plus votre réaction sera intense, plus cela vous renseignera sur un besoin essentiel qui n’est pas comblé et qui, peut-être, trouve sa source complètement ailleurs que dans la situation que vous jugez, mais qui est révélé par cette situation, dans l’ici et maintenant.

Pour conclure : et si l’on passait à la pratique?

Pour voir comment appliquer cela concrètement dans votre vie, je vous propose un petit exercice :

Y a-t-il en ce moment, une situation ou une personne que vous jugez?

Passez maintenant en revue :

  1. Qu’est-ce que vous jugez?
  2. Que ressentez-vous vraiment au fond de vous?
  3. En quoi cela vous parle-t-il de vous, de vos valeurs, de vos limites, ou d’un besoin auquel vous ne répondez pas et qui est en souffrance?
  4. Quel serait votre besoin dans cette situation ou face à cette personne?
  5. Comment pourriez-vous vous occuper de ce besoin?

Tourner le regard vers soi et revenir à vous, votre sensibilité et vos besoins, est ce qui vous permettra de trouver la voie de l’apaisement, ou de faire appel à une plus grande créativité pour passer à l’action et changer une situation qui demande à être changée.

Le jugement devient alors un signal d’alarme pour vous occuper de vous et se transforme en moteur de changement, d’action, d’accueil de votre sensibilité et d’acceptation de vous.

Vous vivez un conflit en relation et avez besoin d’aide pour retrouver votre sérénité intérieure? Je me tiens à votre disposition pour vous aider à prendre soin de vous et retrouver le fil de vos besoins.

D’ici là, n’hésitez pas à me laisser un commentaire pour me dire ce qui a résonné pour vous 🙂